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Le ransomware, ou rançongiciel, constitue une catégorie de logiciels malveillants qui s'est considérablement développée dans le domaine de la cybersécurité. Ces logiciels consistent à chiffrer les données d'une organisation et à exiger une rançon pour la restitution de la clé de déchiffrement. Le but est de les rendre inaccessibles et ainsi empêcher les personnes de travailler et les entreprises de produire. Ces incidents ont gagné en fréquence et en complexité ces dernières années. Par exemple, en 2024, on a observé une augmentation de 8,5% (selon Ransomwatch sans le monde) des attaques ransomware par rapport à 2023.

Cette tendance s'est poursuivie en 2025, avec une augmentation de 47 % des cyberattaques, incluant les ransomwares, au premier trimestre. Les organisations ont été confrontées à une moyenne de 1 925 attaques par semaine.

Les cibles des ransomwares ne se limitent plus aux ordinateurs personnels, mais englobent également les systèmes d'information critiques des entreprises et des institutions, compromettant ainsi la sécurité des données sensibles et la continuité des opérations. Des groupes de ransomware sophistiqués tels que Cl0p, Akira et RansomHub exploitent des vulnérabilités zero-day et utilisent des techniques d'hameçonnage automatisées par intelligence artificielle.

Cet article analyse en profondeur les mécanismes des ransomwares, leurs diverses typologies, leur mode de fonctionnement, et surtout, les stratégies de défense adaptées à ces menaces croissantes. Nous aborderons également les actions à entreprendre en cas d'incident et les meilleures pratiques pour éviter les erreurs fréquentes.

Qu’est-ce qu’un ransomware ?

Un ransomware est un logiciel malveillant conçu pour bloquer l'accès aux données ou aux systèmes critiques d'une organisation, en échange d'une rançon destinée à restaurer l'accès. D'un point de vue technique, les ransomwares utilisent le chiffrement généralement asymétrique, impliquant une clé publique pour chiffrer les données et une clé privée pour les déchiffrer. Lors de l'installation, le malware communique avec les serveurs de commande et de contrôle (C2) des attaquants pour obtenir les instructions nécessaires à l'exécution de l'attaque.

Historiquement, les premiers ransomwares datent des années 1980, mais c'est dans les années 2010 que leur impact s'est intensifié, avec des incidents notoires tels que "WannaCry" en 2017. Depuis, les techniques des cybercriminels ont évolué, intégrant des méthodes sophistiquées visant à maximiser l'efficacité des attaques.

L'émergence du modèle "Ransomware-as-a-Service" (RaaS) illustre cette évolution. Dans ce cadre, des groupes de cybercriminels proposent des kits de ransomware préconfigurés et des infrastructures de support à d'autres malfaiteurs, souvent contre une commission sur les revenus générés. Cette démocratisation des outils de ransomware permet à un plus grand nombre d'attaquants, même ceux sans compétences techniques avancées, de mener des attaques efficaces.

Par ailleurs, les ransomwares modernes adoptent des stratégies de double extorsion, combinant chiffrement des données et menace de divulgation d'informations sensibles, augmentant ainsi la pression sur les victimes. Il existe aussi la triple extorsion notamment avec le top 1 Lockbit qui ajoute du DDoS pour se faire payer ou propose de rançonner les victimes collatérales.

Les différents types de ransomware

Les ransomwares se déclinent en plusieurs catégories, chacune caractérisée par ses propres méthodes d'exploitation et objectifs :

Crypto Ransomware ou Encryptors

Cette variante, qui est la plus répandue, chiffre partiellement les fichiers et les données du système, les rendant inaccessibles sans la clé de déchiffrement. Les cybercriminels exigent une rançon en échange de cette clé, assurant ainsi la restauration des données compromises.

Locker Ransomware

Les locker ransomwares restreignent l'accès complet au système en bloquant les fichiers et les applications. Un écran de demande de rançon, souvent accompagné d'un compte à rebours, incite la victime à agir rapidement pour rétablir l'accès.

Scareware

Le scareware simule la détection d'un problème majeur, tel qu'une infection virale, incitant la victime à payer pour une résolution fictive. Bien que souvent une arnaque, certaines variantes peuvent verrouiller partiellement ou totalement l'ordinateur.

Ransomware as a Service (RaaS)

Le modèle RaaS permet à des groupes de cybercriminels de proposer des packages de ransomware préconfigurés et des infrastructures de support à d'autres acteurs malveillants. Ce service inclut souvent la distribution du ransomware, la collecte des paiements et la gestion des clés de déchiffrement, facilitant ainsi la propagation des attaques sans nécessiter une expertise technique approfondie.

Double Extorsion

La double extorsion combine le chiffrement des données avec la menace de diffusion des informations volées. Cette méthode augmente significativement la pression sur les victimes, qui doivent faire face simultanément à la nécessité de récupérer leurs données et à la menace de perte d'informations sensibles.

Les attaques ransomware ciblent principalement les pays disposant d'infrastructures de cybersécurité moins robustes, comme certaines régions d'Asie, d'Europe de l'Est, ainsi que les États-Unis et l'Europe occidentale en raison de leur importance économique et de leur densité de données. Les origines géographiques des attaquants sont souvent liées à des pays comme la Russie et la Chine, bien que l'anonymat inhérent à Internet complique l'attribution précise des responsabilités.

Doxware ou Leakware

Le doxware menace de divulguer des informations personnelles ou sensibles de l'entreprise si la rançon n'est pas payée. Cette approche double la pression, en exigeant non seulement le paiement pour le déchiffrement des données, mais aussi pour éviter la diffusion publique des informations confidentielles.

Comment fonctionne une attaque ransomware ?

Une attaque ransomware est un processus structuré et multiforme, comportant plusieurs phases allant de l'intrusion initiale à l'exécution du chiffrement. Voici les étapes clés et les vecteurs d'entrée typiques :

Vecteurs d’entrée

Les vecteurs d'entrée les plus courants incluent :

  • Phishing : Envoi d'emails ou de messages contenant des liens ou pièces jointes malveillants, installant le malware lors de l'ouverture.
  • RDP (Remote Desktop Protocol) : Exploitation de connexions RDP non sécurisées ou utilisation d'attaques par force brute pour accéder au réseau interne. Mais aussi l’ensemble des applications d’accès distant qui sont by design exposées sur internet.
  • Vulnérabilités logicielles : Exploitation de failles non corrigées dans les logiciels ou systèmes pour obtenir un accès initial.
  • Périphériques amovibles : Introduction de malware via des clés USB infectées.

Étapes de la KillChain

Après l'accès initial, l'attaque progresse selon plusieurs phases :

  • Reconnaissance et préparation : Exploration du réseau pour identifier les faiblesses et les données sensibles, pouvant durer de quelques minutes à plusieurs semaines. Avant le LatMov il y a souvent une PrivEsc : élévation de privilège. L’objectif étant d’augmenter ses accès afin de pouvoir prendre le contrôle de toute l’infra du SI (exemple accéder à l’AD en Admin, puis accéder aux sauvegardes pour effacer les backups, identifier les serveurs de fichiers intéressants, aux hyperviseurs pour faciliter le chiffrement, déployer des GPO pour la propagation, etc)
  • Établissement d'un point d'appui : Installation d'outils de persistance pour maintenir l'accès, même après une réinitialisation du système.
  • Mouvement latéral : Propagation dans le réseau en récupérant des identifiants et des privilèges d'accès supplémentaires.
  • Exfiltration des données : Transfert des données vers l'extérieur si l'objectif inclut le vol d'informations. Souvent via des outils de synchronisation cloud (rclone, …) ou des protocoles comme FTP et à destination de cloud (mega, dropbox, ftp…)
  • Chiffrement des données : Chiffrement des fichiers, rendant les données inaccessibles sans la clé de déchiffrement.

Durée de l’attaque

Le « dwell time », période durant laquelle les attaquants restent présents dans le réseau avant de lancer l'attaque finale, peut s'étendre de quelques heures à plusieurs mois. Cette phase permet de collecter des informations stratégiques et de préparer le terrain pour maximiser l'impact de l'attaque.

Exemples connus d’attaques par ransomware

L'attaque contre la Colonial Pipeline en 2021 a illustré la capacité des ransomwares à perturber des infrastructures critiques. De même, le ransomware "WannaCry" en 2017 a infecté des millions de systèmes à travers le monde, mettant en évidence la nécessité d'une défense proactive en matière de cybersécurité.

Ransomware : 7 actions concrètes pour vous protéger

Pour se prémunir efficacement contre les ransomwares, il est impératif d'adopter une stratégie de sécurité globale et proactive. Voici sept actions recommandées par l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) et d’autres experts en cybersécurité :

1. Sensibiliser les équipes

La formation et la sensibilisation des utilisateurs sont essentielles pour prévenir les attaques de ransomware. Les employés doivent être informés des risques liés aux emails de phishing, aux pièces jointes infectées et aux autres vecteurs d'attaque. Des programmes de formation réguliers et des campagnes de sensibilisation contribuent à réduire significativement le risque d'infection.

2. Mettre à jour les systèmes

La mise à jour régulière des logiciels, des systèmes d'exploitation et des signatures antivirus est essentielle pour corriger les vulnérabilités et empêcher l'exploitation de failles de sécurité connues. Cette pratique réduit substantiellement le risque d'infection par des ransomwares.

3. Sauvegarder régulièrement

La réalisation de sauvegardes régulières des données est la mesure la plus efficace pour atténuer les pertes en cas d'attaque de ransomware. Il est recommandé d'utiliser des solutions de stockage hors ligne, telles que des disques durs externes ou des bandes magnétiques, pour protéger les sauvegardes contre une infection du système principal.

La recommandation pour le stockage d’une donnée critique ou sensible est la règle du 3-2-1 : 3 copies de la donnée, dans 2 lieux et sur 2 technos / hardwares différentes dont 1 offline (car les attaquants effacent presque toujours les backups en ligne).

4. Segmenter les réseaux

La segmentation du réseau en zones distinctes permet de limiter la propagation des ransomwares au sein de l'infrastructure. Cette approche implique de restreindre les accès et les privilèges des utilisateurs, ainsi que de contrôler l'accès à Internet, conformément aux bonnes pratiques recommandées par ISO 27001.

5. Limiter les privilèges

La gestion des privilèges des utilisateurs constitue une mesure clé de prévention. En désactivant les privilèges d'administrateur pour les utilisateurs non autorisés, vous réduisez la capacité des attaquants à se déplacer latéralement dans le réseau et à accéder à des données critiques.

6. Déployer des outils de détection (AV et EDR)

L'implémentation d'outils de détection et de prévention des intrusions (IDS/IPS) ainsi que de solutions de détection des anomalies permet d'identifier et de bloquer les activités malveillantes avant qu'elles ne causent des dommages significatifs. Ces outils doivent être régulièrement mis à jour pour rester efficaces face aux nouvelles menaces, conformément aux standards NIST.

7. Mettre en place un plan de réponse aux incidents

Élaborer un plan de réponse aux incidents est essentiel pour gérer efficacement une attaque de ransomware. Ce plan doit inclure des procédures pour isoler les systèmes infectés, restaurer les données à partir des sauvegardes, et communiquer avec les parties prenantes. Une stratégie de communication bien définie est également nécessaire pour gérer les répercussions de l'attaque et minimiser son impact sur les opérations de l'entreprise.

Que faire en cas d’attaque par ransomware ?

En cas d'attaque par ransomware, une réaction rapide et coordonnée est essentielle pour minimiser les dégâts. RSSI / DSI, voici les étapes à suivre et les bonnes pratiques à adopter :

Détection et isolation immédiates

Lorsque l’attaque est détectée, par un collaborateur ou les équipes techniques, il est impératif d'isoler immédiatement les systèmes affectés du reste du réseau. Cela peut inclure la déconnexion des câbles Ethernet, la désactivation du Wi-Fi, ou la mise hors tension des équipements réseaux , pour prévenir la propagation du malware.

Évaluation de l'ampleur de l'attaque

Évaluez l'ampleur de l'attaque en identifiant les systèmes et les données impactés par le chiffrement ou l'exfiltration. L'analyse des journaux système permet de détecter les signes prématurés de l'attaque et de reconstituer la chronologie des événements menant à l'infection.

Triage et priorisation

Établissez une liste des systèmes critiques pour l'organisation et classez-les par ordre d'importance. Cette priorisation facilite la restauration des fonctions essentielles de l'entreprise de manière ordonnée et efficace.

Communication sécurisée

Assurez une communication sécurisée avec les équipes techniques et la direction en utilisant des outils de communication sécurisés tels que Signal ou des systèmes de conférence externes. Créez des groupes distincts pour les responsables techniques, les communicants et les dirigeants afin de coordonner efficacement la réponse à la crise.

Équipe de gestion de crise

Mettez en place une équipe de gestion de crise chargée de coordonner toutes les actions nécessaires pour rétablir les systèmes informatiques. Cette équipe doit inclure des professionnels de l'entreprise, des experts en communication, des juristes et des responsables de la reprise des activités, alignés sur une stratégie commune pour résoudre les priorités conflictuelles lors du rétablissement des opérations.

Faites appel à un CERT externe : +33 (0)1 83 75 36 94 | [email protected]

Erreurs à éviter

Il est important d'éviter les erreurs suivantes lors d'une attaque par ransomware :

  • Payer la rançon sans avoir exploré toutes les autres options : le paiement n'assure pas la restitution des données et peut encourager les attaquants.
  • Ne pas entrer en contact avec les cybercriminels qui connaissent les leviers psychologiques et les biais cognitifs des victimes qui sont en état de choc / déni / colère / stress intense / fatigue / sentiment de culpabilité … et donc vulnérables.
  • Ne pas sous-estimer l'impact de l'attaque : les conséquences peuvent être juridiques, financières et réputationnelles importantes, nécessitant une gestion globale de l'incident.

3 bonnes pratiques

Adoptez les bonnes pratiques suivantes pour une gestion efficace de l'incident :

  • Mettre en place un plan de segmentation et d’isolation : cartographiez le réseau et identifiez les segments pour isoler rapidement les systèmes infectés.
  • Restaurer à partir de sauvegardes : utilisez des sauvegardes fiables pour restaurer les données et les systèmes impactés.
  • Documenter l’incident : enregistrez toutes les étapes de la réponse pour améliorer les procédures futures et faciliter les investigations.

Comment Board of Cyber vous aide à vous protéger contre les ransomware

Board of Cyber propose une gamme complète de solutions et services visant à renforcer la cybersécurité des organisations et à se prémunir contre les menaces de ransomware. Voici comment leurs offres peuvent vous assister :

Tableaux de bord

Les tableaux de bord des solutions Security rating et AD Rating de Board of Cyber, offrent une visibilité exhaustive et en continu sur la posture de sécurité de votre organisation. Ils centralisent les informations clés, permettant aux équipes de sécurité de surveiller et de gérer efficacement les risques et les vulnérabilités liés aux ransomwares.

AD Rating et protection de l'Active Directory

L'AD Rating de Board of Cyber évalue la sécurité de votre Active Directory, un élément central des réseaux d'entreprise. En protégeant votre Active Directory, vous empêchez les attaquants de ransomware d'exploiter les privilèges d'accès et de se déplacer latéralement dans votre réseau. Cette protection est essentielle pour prévenir les attaques ciblant les comptes d'administrateur et les systèmes d'authentification.

Grâce à ces outils et services, Board of Cyber offre une approche holistique permettant de renforcer votre posture de sécurité, de détecter précocement les menaces et de réagir efficacement en cas d'attaque de ransomware, minimisant ainsi les risques et les dommages potentiels.

Cyber Rating

Le cyber rating de Board of Cyber évalue la maturité et l'efficacité de votre système de cybersécurité. Cette évaluation permet d'identifier les domaines nécessitant des améliorations et de prioriser les changements en sécurité pour renforcer votre défense contre les ransomwares et autres menaces cybernétiques. Les indicateurs de maturité de Board of Cyber mesurent le niveau de préparation et de résilience de votre organisation face aux menaces cybernétiques. Ils identifient les lacunes dans les processus et les politiques de sécurité, facilitant leur amélioration pour une meilleure protection contre les ransomwares.

Contrôle de conformité

Le contrôle de conformité de Board of Cyber veille à ce que votre organisation respecte les normes et réglementations de sécurité en vigueur, telles que ISO 27001, DORA, NIS2. Assurer la conformité réduit le risque de vulnérabilités exploitables par les attaquants de ransomware.

Conclusion

En résumé, la lutte contre les ransomwares repose sur une gouvernance rigoureuse et une culture de sécurité renforcée. Les bonnes pratiques essentielles incluent la sensibilisation des équipes, la mise à jour des systèmes, la sauvegarde régulière des données, la segmentation des réseaux, la limitation des privilèges, le déploiement d'outils de détection et l'élaboration d'un plan de réponse aux incidents.

Ces mesures doivent être intégrées dans une culture de sécurité robuste, avec des processus et des politiques clairement définis et régulièrement actualisés. Des solutions telles que celles proposées par Board of Cyber peuvent industrialiser la prévention et la détection des ransomwares, en fournissant des tableaux de bord, des évaluations de maturité en cybersécurité, et des systèmes d'alerting avancés. Il est impératif d'agir dès maintenant en intégrant ces outils et pratiques dans votre stratégie de cybersécurité pour protéger vos données et vos systèmes contre ces menaces grandissantes.

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